20/07/2020

EDITO ⏤ Pour continuer de faire valoir l’importance de nos activités et leur contribution à l’équilibre de la vie citoyenne, culturelle et économique

Si parfois on a pu rechercher le « bon » dans le confinement (et tant mieux si en toute chose on y parvient malgré tout), force est de constater que la crise au-delà du drame sanitaire – celle économique et sociale – est bien maintenant, et pour une durée inconnue qui nous plonge dans d’intenses questionnements, et nous laisse souvent impuissants. Nous vous renvoyons à ce sujet à la pertinente interview d’Ariane Mnouchkine (publiée le 9 mai dernier dans Télérama) qui, tout en représentant un autre univers artistique soit celui du théâtre, tient un propos qui nous concerne et ne manque pas de souligner l’ampleur de la difficulté en le resituant dans l’actualité du monde.

Au cœur de cette tourmente nos métiers sont bousculés, nous ne savons pas encore de quoi sera fait l’après 10 juillet date de la fin de l’état d’urgence sanitaire, ni la compatibilité des mesures barrières durables, avec nos activités qu’on espère durables aussi.
Nous sommes pour la plupart des « indépendants ». Ce fût notre force, c’est notre peur et trop souvent notre faiblesse aujourd’hui. Nous ne voulons pas laisser perdurer cette défiance.
Nous ne savons pas, pour beaucoup, si nous allons enfin obtenir de vraies aides (et non des reports qui ne seront que plus lourds encore à supporter demain qu’hier, ou des soutiens indirects, insuffisants) pour tenir de nouveaux caps et pouvoir continuer de vivre de nos activités et faire vivre tant d’artistes.
Nous ne savons pas non plus comment répondre ni d’ailleurs s’il faut répondre à cette injonction « il faut vous réinventer », nous qui ne cessons de consacrer notre énergie et notre travail justement aux métiers de la création, où chaque jour il s’agit déjà d’inventer.
Notre solidarité doit nous aider à rester volontaires et confiants. Notre parole bien qu’entendue, n’a pas été considérée dans les faits à sa juste valeur. Des dispositifs continuent de se mettre en place et nous veillons à ce qu’ils nous concernent bien tous.

Nous pesons activement dans le Conseil Interministériel du Tourisme où nous siégeons chaque semaine car il s’agit de l’instance la plus transversale (économie, emploi, développement, projets …) au sein de laquelle il est essentiel que nos mondes de la musique, de la création, de la fête et de la nuit soient considérés au même titre que les autres secteurs.
Merci d’avoir œuvré pour nourrir l’étude lancée par le réseau MAP à propos de l’impact économique sur notre secteur. C’est essentiel, car nous devons être constamment capables de donner des informations précises pour défendre nos activités.
Cette étude est éloquente et démontre l’extrême fragilité de nos métiers*. (voir les résultats dans la synthèse ci-dessous)
Nous sommes mobilisés pour défendre nos métiers et nos savoirs faire dans toute leur diversité, leur qualité. Vous pouvez compter sur l’engagement de toute l’équipe du MAP pour œuvrer avec conviction et détermination à soutenir avec constance le travail que toutes et tous réalisent chaque jour.

Nous allons continuer de faire valoir l’importance et le sérieux de nos activités, leur contribution à l’équilibre de la vie citoyenne, culturelle et économique, le fait qu’elles ne sont pas si secondaires quand on constate à quel point – comme toujours en tant de crise – l’appauvrissement des connaissances, du lien social, de la communication, est un danger pour la démocratie et les libertés, et devient le terreau du repli sur soi.
La musique – langage le plus universel qui soit – a toujours été une discipline porteuse de messages de paix, de dialogue, d’antiracisme et d’ouverture.
C’est une force que nous devons réaffirmer, face à un monde où la logique « nationale » – qui se mue souvent en nationalisme – semble l’emporter hâtivement … à l’heure où certain chef d’Etat s’obstine à construire des murs avec leur voisin, et, où leur pays est aujourd’hui ravivées des haines raciales dont on a peine à croire qu’elles puissent être si agressives en 2020, comme en témoigne le drame du meurtre de Georges Floyd.

Le Bureau du Réseau des Musiques Actuelles de Paris
(Renaud Barillet, Maud Cittone, Frantz Steinbach, Sébastien Larere, Eric Philippe, Géraldine Llabador et Amélie Arcamone)

Chronologie des actions du Réseau MAP en faveur de la filière pendant la crise sanitaire

  • 19 mars : Le Réseau MAP met en place un document récapitulatif des dispositifs étatiques ou de filière utiles pour les professionnel·les de la musique dans ce contexte de crise sanitaire mis à jour régulièrement
  • 29 mars : Le Réseau MAP lance son enquête sur l’impact économique et social du Covid-19 sur les entreprises de la filière parisienne
  • 5 mai : Clôture et analyse des résultats
  • 15 mai : Formation par le Premier Ministre des Comités de Filière – Désignation de Renaud Barillet (Président du MAP) et Frantz Steinbach (Vice-Président) en tant que fédérateurs du comité de Filière nuit, lieux musicaux festifs et de vie, placé sous l’égide de Jean-Baptiste Lemoyne, dans l’objectif de déconfiner la Nuit, émettre des recommandations urgentes et soumettre un protocole sanitaire
  • 22 mai (et chaque mardi jusqu’au 2 juillet) : Echanges téléphoniques avec Jean-Baptiste Lemoyne pour faire l point sur les avancées lors du Comité Filière Tourisme
  • 22 mai – 20 juin : Mise en forme des résultats de notre enquête
  • 12 juin : Envoi du protocole sanitaire produit par R. Barillet et F. Steinbach au Gouvernement
  • 25 juin : envoi d’une feuille de route au Gouvernement
  • 30 juin : Rendez-vous avec Jean-Baptiste Lemoyne et Franck Riester
  • 1er juillet : Réunion interministérielle avec Agnès Pannier-Runacher, Franck Riester et Jean-Baptiste Lemoyne
  • 17 juillet : Réunion « Secteur monde de la nuit » avec Alain Griset, Ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises