23/01/2023

Retour sur la table ronde organisée par le Réseau MAP à l’occasion des BIS de Nantes sur le sujet de La Nuit

Dans le cadre des BIS de Nantes 2023, le Réseau MAP a eu l’opportunité d’organiser une table ronde sur la thématique “La Nuit, un traitement à part pour une culture entière : évolution de l’offre, enjeux artistiques, statut et subsistance de la vie festive”. Table ronde modérée par la coordinatrice des Nuits du Futur, Chloé Bihan, et avec la participation de Renaud Barillet, président du Réseau MAP et fondateur-DG du réseau d’établissements Cultplace ; Thibaut Guiné, membre du conseil métropolitain & conseiller municipal, élu de quartier Centre-ville à la Mairie de Nantes ; Vicente Pizcueta, chargé de communication de l’association Noche Madrid, Lorenzo Serra, le co-fondateur du Listen Festival et président de la Brussels By Night Federation ainsi que Frantz Steinbach, vice-président du Réseau MAP et Trésorier des Pierrots de la Nuit.


PARTIE 1 : UNE ABSENCE DE STATUT POUR LA NUIT

De la co-construction des politiques publiques 

Le contexte réglementaire de la vie nocturne 

Ce qu’on peut dire c’est que la France a des spécificités territoriales avec des réglementations coercitives, même s’il y a des variations qui peuvent se faire au niveau local. En France, les heures d’ouverture des restaurants et des bars sont réglementées par les autorités locales. Concernant les discothèques, la « Loi sur le tourisme » prévoit que les discothèques peuvent être ouvertes jusqu’à 7h (pendant les 1h30 précédant la fermeture, aucun alcool ne peut être servi). Mais la décision des heures d’ouverture reste de la compétence des autorités locales. Si l’on compare au niveau européen, l’Espagne, par exemple, est réglementée sur ce point au niveau régional sauf exceptions au niveau municipal.  Concernant les niveaux sonores, en France un décret fixe le niveau sonore maximal à 102 dB(A) et par exemple en Espagne, cela dépend des régions et en Allemagne le niveau autorisé dépend du lieu, de l’heure d’exploitation.

Réglementation des ERP

Les activités festives se pratiquent résolument debout et en dansant : le décompte est donc très fiable grâce à la SACEM, en France, l’offre nocturne est foisonnante : il y a environ 9000 établissements considérés comme nocturnes en France. 

Offre nocturne et son évolution

Politiques publiques de la nuit parisienne à partir des États Généraux de la Nuit

Les premiers Etats Généraux de la Nuit sont inaugurés en 2010 par la mairie de Paris afin de renouer le dialogue entre noctambules et riverains aspirant à plus de tranquillité. Avec ces Etats Généraux, les ERP de Nuit ont réussi à être considérés. Ces activités et lieux  “non essentiels » sont devenus plébiscités, servant à la vie sociale, conviviale, citoyenne, festive et créative du pays. Mais à côté de ça, le réglementaire reste assez archaïque et les ERP de Nuit n’ont toujours pas de réel statut. Même s’il y a moins de cloisonnement dans la compréhension entre la vie nocturne et la vie culturelle. L’enjeu est de sortir de la simple tolérance de la vie nocturne, elle rentre dans une vraie réglementation. On attend moins de condescendance, même si la vie nocturne reste un véritable électron libre. Sur de nombreux territoires, les ERP ont une obligation de fermeture à minuit (ex: Seine-Saint Denis) pour un souci de “sécurité”.  L’argument sécuritaire est trop excessif et réducteur.

Politiques publiques de la nuit parisienne à partir des États Généraux de la Nuit

Les premiers Etats Généraux de la Nuit sont inaugurés en 2010 par la mairie de Paris afin de renouer le dialogue entre noctambules et riverains aspirant à plus de tranquillité. Avec ces Etats Généraux, les ERP de Nuit ont réussi à être considérés.

Ces activités et lieux  “non essentiels » sont devenus plébiscités, servant à la vie sociale, conviviale, citoyenne, festive et créative du pays. Mais à côté de ça, le réglementaire reste assez archaïque et les ERP de Nuit n’ont toujours pas de réel statut. Même s’il y a moins de cloisonnement dans la compréhension entre la vie nocturne et la vie culturelle. L’enjeu est de sortir de la simple tolérance de la vie nocturne, elle rentre dans une vraie réglementation. On attend moins de condescendance, même si la vie nocturne reste un véritable électron libre. Sur de nombreux territoires, les ERP ont une obligation de fermeture à minuit (ex: Seine-Saint Denis) pour un souci de “sécurité”.  L’argument sécuritaire est trop excessif et réducteur.

Les 3 mesures phares mises en place concernant la Nuit  : 

  • l’ouverture de centres d’animation nocturnes qui permettent un échappatoire
  • les financements d’investissement pour l’insonorisation des lieux de la Nuit 
  • un dispositif de médiation – “Les Pierrots de la Nuit” – pour créer un dialogue entre les riverains, les pouvoirs publics et les lieux nocturnes 

C’est quoi la « Ville la nuit » à la Mairie de Nantes ?

La vie nocturne à Nantes est foisonnante. À Nantes, les ERP ferment quasiment tous à 2 heures du matin. Certains bars ont des réglementations différentes : ils ferment à 4h car ils ont un portier. On sent que le dialogue est renouvelé dans cette ville. Mais la pandémie a changé le centre-ville : les riverains ont retrouvé un centre-ville apaisé, silencieux. Mais la mairie a voulu remettre en route ce monde de la Nuit, avoir du lâcher-prise après les multiples périodes de confinement. Ici, les élus ont fait un tour des boîtes pour savoir comment elles se régulent. La Nuit ne doit pas être juste la réalité des habitants du centre-ville, cela doit nous questionner et on doit entamer un dialogue sur des événements avec les riverains. Il faut s’engager, prendre ce parti pris de faire des événements dans le centre-ville car cela les rend plus accessibles. 

La vie nocturne à Nantes est foisonnante. A Nantes, les ERP ferment quasiment tous à 2 heures du matin. Certains bars ont des réglementations différentes : ils ferment à 4h car ils ont un portier. On sent que le dialogue est renouvelé dans cette ville. Mais la pandémie a changé le centre-ville : les riverains ont retrouvé un centre-ville apaisé, silencieux. Mais la mairie a voulu remettre en route ce monde de la Nuit, avoir du lâcher-prise après les multiples périodes de confinement. Ici, les élus ont fait un tour des boîtes pour savoir comment elles se régulent. La Nuit ne doit pas être juste la réalité des habitants du centre-ville, cela doit nous questionner et on doit entamer un dialogue sur des événements avec les riverains. Il faut s’engager, prendre ce parti pris de faire des événements dans le centre-ville car cela les rend plus accessibles. 

L’appel à projets « Les Temps de la nuit »

Les thématiques ont été travaillées en atelier avec des membres du Conseil de la Nuit. L’objectif étant de se réapproprier collectivement et positivement l’espace public nocturne. 

La réflexion se base entre autres sur la question de comment la fête et la nuit peuvent contribuer au bien-être mental et physique de toutes et tous. Au total, 15 projets sont sélectionnés, en grande majorité autour de la culture après un jury citoyen.

La précarité des milieux de la nuit et de leurs acteurs

  • Autorisations de nuit
  • Fermetures administratives
  • Fragilité de l’entreprenariat : des freins et leviers en matière de réglementation

Chloé, des Pierrots de la Nuit,  parle de la fragilité de l’entreprenariat de Nuit. La pandémie a accentué cette fragilité. Une méconnaissance de ces milieux, qui n’est pas seulement du côté des pouvoirs publics, mais aussi plus généralement de la société. 


PARTIE 2 : LES ACTEUR·ICE·S DE LA NUIT

Les initiatives et la pratique des lieux de vie nocturne

Le panorama au niveau européen

Une analyse a été réalisée en 2018 dans le cadre d’une étude pendant la rédaction des “Nuits du Futur”. Ces études comparatives permettent de mesurer la vivacité de certaines villes en Europe. A Paris, et en France plus généralement, on a une très bonne vivacité nocturne qu’il faut valoriser. Très utile pour travailler sur une co-construction avec l’expertise des professionnels du secteur qui s’impliquent pour faire évoluer les réglementations et les régulations. 

La vie nocturne en Espagne

La Nuit c’est très important en Espagne, culturellement. Cela représente environ 1,8% du PIB, environ 15.000 millions d’euros, 15.000 lieux de loisirs et 17 classifications différentes qui définissent le type d’activités. Mais il y a de gros problèmes avec l’administration et les politiques car la Nuit et la vie nocturne sont dangereuses selon eux. Il explique que l’année 2023 est une opportunité : depuis le Covid, ce c’est le moment pour aborder les sujets de la santé mentale, du lâcher-prise. Le dialogue social et la négociation politique sont essentiels, la mobilisation également. L’administration ne dialogue pas avec la jeunesse et c’est un gros problème car c’est elle qui peut revendiquer et peut être l’exemple de la société. Mais ce n’est pas possible de travailler seulement avec les politiques : cela prend trop de temps pour avoir des RDV donc les associations avancent avec leur propre campagne. 

Brussels By Night Federation

Il n’y avait pas grand chose de fait, avant 2020, pour la vie nocturne à Bruxelles et en Belgique en général. Il n’y a pas de définition de la Nuit là-bas. La fédération a défini qui elle devait représenter, et quels seraient les acteurs de cette vie nocturne. A la fin de la période Covid, une seconde problématique a été soulevée  : la réduction des risques et VHSS ainsi que la soumission chimique : mouvement “Balance ton bar”. Finalement, nous avons tous les mêmes problématiques en Europe. Aujourd’hui, à Bruxelles, une seule plainte pour nuisance sonore peut faire fermer un lieu. Il faut changer le paradigme : le plaignant doit isoler son habitation et ne pas faire fermer une structure culturelle. 

De la structuration des acteur·rice·s professionnel·le·s de la Nuit

Les avancées pour la filière obtenues par le Comité de Filière, Lieux musicaux, festifs et de nuit : 

  • Création d’un fonds de compensation sectoriel aux activités fermées ou empêchées administrativement pour Covid-19 (S1 et S1bis)
  • Prise en charge de l’activité partielle à 86% du coût pour les employeurs des secteurs S1 et S1bis
  • Ajout de la totalité des activités de la filière musiques actuelles aux S1 et S1 bis
  • Travail sur les protocoles de réouverture, du debout et de la danse notamment
  • Nécessité de prise en compte et de réponse de la bombe à retardement des congés payés
  • Négociation des reports des échéances des prêts contracté dans le cadre des PGE
  • Un crédit/report de cotisations sociales pour nos secteurs, dont les gérant·e·s non salariés

Les enjeux en cours : 

  • Le régime des autorisations des ouvertures de nuit
  • Refonte pour une classification NAF avec possibilité de les cumuler
  • Nouvelle tarification du droit d’auteur par la SACEM pour les lieux sonorisés
  • Les syndicats donnant droit à abattement sur les droits d’auteurs

Les évolutions et partenariats des territoires de la fête en Europe et à l’international

Rencontres professionnelles

→ Nuits du futur 

Après les Rencontres Européennes de la Nuit #3 à Lyon en 2018, l’Eurocouncil of the Night et l’UMIH ont rédigé un livre blanc intitulé : les Nuits du futur. Il se veut être à la fois un état des lieux de la vie nocturne européenne, mais surtout un référentiel de bonnes pratiques, de nouvelles perspectives innovantes et de recommandations formulées par les contributeur·rice·s, au service des usagers et professionnels de la nuit dans les villes européennes.

→ MTL 24/24 Montréal

MTL 24/24 est un organisme à but non-lucratif qui analyse, structure et anime la vie nocturne à Montréal. Leur travail vise à dynamiser le développement de la métropole en introduisant la nuit comme nouveau territoire à conquérir. MTL 24/24 place au cœur de sa mission le développement dynamique et bienveillant des nuits de Montréal. 

Dispositif de soutien

→ Europe créative 

Le programme Europe Créative est le programme de l’Union européenne dédié aux secteurs culturels, créatifs et audiovisuels. Il est ouvert aux acteurs de l’ensemble du territoire français et permet de travailler avec d’autres acteurs en Europe et au-delà. Il a pour objectif d’encourager la diversité culturelle européenne et de renforcer la compétitivité des secteurs culturels, créatifs et audiovisuels européens. 


Le Réseau MAP remercie les BIS mais également l’ensemble des intervenant·e·s de cette table ronde : Renaud Barillet, Thibaut Guiné, Vicente Pizcueta, Lorenzo Serra et Frantz Steinbach et Chloé Bihan,